A ceux qui poseraient encore la question de la pertinence d’une semaine anticoloniale en France, cinquante ans après les indépendances, l’actualité offre une réponse illustrative. Il y a un mois, tandis que la révolte s’installait en Tunisie, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, proposait le «savoir-faire» des forces de sécurité françaises pour mettre un terme à la situation. Au-delà de l’ingérence, c’est également le parallèle avec l’essence de la colonisation qui frappe : la mission civilisatrice.
C’est dans ce contexte historique où les peuples prennent leur destin en main pour opérer une nouvelle décolonisation que s’ouvre la sixième édition de
Pour sa sixième année,
De débats en concerts et pièces de théâtre, de Salon en manifestation, les organisateurs invitent à penser dans sa globalité le processus colonial. Un processus en évolution qui se perpétue sous d’autres formes en Palestine, au Sahara occidental ou au Sri Lanka avec le peuple tamoul ; par le biais de l’aide humanitaire, de l’accaparement des terres et du pillage des ressources naturelles en Afrique et ailleurs. En Amérique du Sud, la création de l’Alliance bolivarienne des Amériques offre la perspective d’une répartition plus juste des richesses, mais également d’une monnaie d’échange de substitution au dollar. Toutes ces expériences, ces luttes, se rencontreront lors de cette nouvelle édition qui ouvre, par ailleurs, une série d’anniversaires qui ne manqueront pas de réactiver la guerre acharnée des mémoires : du massacre des Algériens d’octobre 1961 à Paris au putsch des généraux en avril de la même année à Alger. Autant d’événements qui nous rappellent, comme le souligne Esther Benbassa, que «le postcolonial, en France autant et peut-être plus qu’ailleurs, ramène d’emblée au politique dans la mesure où il interroge avec force l’identité nationale et le nationalisme».
Lina Sankari dans l’Humanité
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